Quelle place en France pour le transport interrégional par autocar ?

Dans son avis du 27 février 2014, l’Autorité de la concurrence (ADLC) a présenté les conclusions d’une étude menée sur le transport interrégional de passagers par autocar. Constatant que ce marché est encore balbutiant du fait d’une réglementation contraignante, avec seulement 110 000 voyages effectués en autocar en 2013 sur 22 milliards de voyages longue distance, l’ADLC recommande d’alléger les « contraintes réglementaires qui en grèvent l’efficacité ». Elle estime par ailleurs que « de nombreuses conditions sont réunies pour que les services de transport par autocar sur longue distance se développent en France ».

L’autocar est un mode de transport singulier avec deux caractéristiques principales :

  • Il apparait que c’est une offre de transport peu chère; sur la base d’un échantillon de 10 liaisons, l’ADLC a d’ailleurs constaté que le prix d’un billet de car correspond à la moitié de celui d’un billet TGV. Dans l’hypothèse où ce niveau de prix parvenait à se maintenir dans un marché libéralisé, l’autocar permettrait aux consommateurs d’accéder à une offre plus large de transport longue distance, en particulier ceux qui en étaient exclus jusqu’alors à cause du prix.

Dans un contexte libéralisé, cette situation de prix bas pourrait toutefois évoluer dans la mesure où aujourd’hui, les dessertes domestiques par autocar sont commercialisées à titre accessoire dans le cadre de liaisons internationales (cabotage) pour optimiser le taux d’occupation des véhicules.

  • Deuxième caractéristique, la faible vitesse commerciale de l’autocar. Plusieurs raisons à cela : la vitesse maximale autorisée sur autoroute (100 km/h), les temps d’embarquements et de débarquements des passagers mais aussi les temps de pauses régulières des conducteurs.

Ces deux caractéristiques laissent donc présager un profil de voyageurs très sensibles au prix, peu au temps de trajet. En répondant à cette demande spécifique du marché, on peut s’attendre à ce que le développement de l’autocar génère des trafics supplémentaires. De nouvelles liaisons pourraient être également proposées par autocar, ce mode de transport étant plus à même, par sa flexibilité, d’assurer des dessertes entre certaines villes de taille moyenne aujourd’hui délaissées par les autres modes de transport collectif.
Selon une présentation lors du congrès annuel de la Fédération nationale des transport de voyageurs (FNTV), le 8 octobre, le nombre de lignes assurées par autocar aurait triplé en Allemagne un an après sa libéralisation en janvier 2013. Le nombre de kilomètres offerts en car aurait, lui, quadruplé.

Les orientations du projet de loi pour l’activité et l’égalité des chances économiques, annoncé par le ministre de l’Economie le 15 octobre 2014, seront présentées d’ici à la fin de l’année. Les débats déjà engagés par voie de presse, pourront y éclairer les décisions du Parlement sur la régulation à prévoir, notamment sur les enjeux d’équilibre économique des contrats de service public ou les modalités d’accès aux gares routières.